C'est toujours étrange de retrouver un vieil ami que l'on n'a pas vu depuis très longtemps.
Les ans ont passé. Le temps a marqué les fronts.
Mais souvent on retrouve dans les yeux la même petite lueur. Le même franc sourire.
Là, nous étions simplement heureux.

C'est très amusant les aéroports en Afrique.
Toute une foule s'y presse.
Les douaniers, les porteurs, les voyageurs,  il y a des règles partout.
Que personne ne respecte dans un désordre multicolore.

Des bagages qui arrivent comme jetés du ciel.
Nous avons pris les miens. Et nous sommes vite sortis.
Peu de mots. Juste une grande joie.
Et quelle chaleur ! ! !  

La vieille voiture a démarré dans un nuage de fumée et nous avons pris la route du centre ville.

La circulation à Nouakchott... Les voitures arrivent de la droite. De la gauche. D'en face. De derrière.
Et en plein milieu, un âne ou un vieillard. Dans la lumière des phares.
Et ce sable. Partout. Qui crisse sous les dents et pique les yeux.
On évite les trous, les flaques d'eau.
Des boutiques multicolores éclairées au néon.


La pollution est terrible.

Mais des senteurs parviennent à émerger entre les relents.
 

Parfois une épicierie, parfois un atelier de menuisier.
Quelque fois aussi une chèvre ou un âne crevé au bord de la route.

Que c'est beau.


Des silhouettes qui glissent dans l'ombre. Tellement fières.
Et souvent un regard que l'on croise. Eclairé d'un sourire aux dents éclatantes.

 

 

 

 

 

 

 

Il est un pays qui s'appelle la Mauritanie.
Entre l'océan et le bout du sahara.

On le croirait créé juste en dessous du soleil.
A peine la porte de l'avion franchie, l'haleine chaude du désert vous prend.
Vous enveloppe, vous pénêtre.


C'est bon. Comme une caresse.

Juste avant de s'y poser il faut survoler la ville.
Nouakchott.
Vue du ciel, la nuit, après avoir survolé le désert pendant des heures, on croirait voir surgir comme une galaxie posée à terre.
Composée d'une myriade d'étoiles, oranges et jaunes.
De ces lumières que seule l'Afrique sait en produire.

Et quelle activité. Quel grouillement de vie peut-on saisir de là haut.
Partout des yeux brillants glissent sur les avenues.
Comme autant de petites fourmis qui portent leurs flambeaux.

Puis, le calme revenu et le grondement de l'avion éteint,
c'est l'escalier en métal qui vous conduit au sol.
Que l'on sent, encore brûlant, sous ses pieds.
Impression de marcher sur la panse d'un animal énorme qui sommeille.

J' étais attendu par Moussa, un vieil ami rencontré à Paris, douze ans plus tôt.
Pour tenir une vieille promesse.
Il m'avait fait un grand cadeau. Une pensée de son pays.


" Ce n'est pas en cherchant à enterrer l'ombre que l'on parvient à la faire disparaître"


Il me tardait de découvrir le sens que pouvait prendre cette phrase dans son berceau sans ombre.

Je venais sur sa terre, pour retrouver un Ami.
Je ne savais pas encore que c'était le début d'une belle Aventure.

 

VERS MAURITANIE MON AMOUR CHAPITRE 2

 

 

Bonjour mes Amis.

Cela fait bien longtemps que le Grand Machin ne m'a pas laissé son ordinateur. Il était très occupé et moi, j'ai même cru qu'il m'avait un peu laissée tomber.

Pfffffff... C'est toujours comme ça avec les grandes personnes. Elles courent à droite, à gauche et disent toujours qu'elles sont très importantes.

Je n'invente pas, c'est le Petit Prince qui l'a dit bien longtemps avant moi.

Et comme nous avons marché lui et moi dans les sables de Chinguetti, je suis sûre qu'il ne m'en voudra pas de penser et dire la même chose.

Donc, voila.

La miss Addis boudeNous avons eu une grande conversation le Grand Machin et moi. Cette fois-ci, c'est lui qui avait mis la tasse en métal du thermos sur la tête parce que je n'étais vraiment pas contente, le tinjilit à la main.

Alors, pour se faire pardonner, il m'a donné l'autorisation de publier ici un de ses livres que j'aime beaucoup.

Et m'a promis de me laisser son ordinateur plus souvent pour que je puisse rester en contact avec vous et continuer à vous raconter mes aventures.

En fait, il avait écrit ce livre sous ma dictée il y a longtemps, au retour d'un de nos voyage en Mauritanie.

Vous savez, il faut être humble dans la vie. Et là, on parle des gens que nous avons rencontrés. Et qui ont tellement de choses à nous apprendre.

Et comme le Grand Machin aime beaucoup ses enfants, il a pensé aux parents du monde entier pour qu'ils puissent le raconter, le soir, à leurs propres enfants.

Alors, chaque chapitre se lit comme une histoire du soir. Même si on peut aussi le lire d'un seul coup.

Re-Donc re-Voila.

Chaque semaine à partir d'aujourd'hui, je vous livrerai un chapitre de cet ouvrage qui s'appelle "MAURITANIE MON AMOUR"

La Miss Addis

 

 

MAURITANIE MON AMOUR INTRODUCTION

 

 


" Mauritanie mon Amour " est l'enfant de la rencontre.
La découverte d'un pays. De ses enfants. Enracinés à leur terre.

C'est plus qu'une histoire. Mais une tranche de vie.
En quelques jours le soleil, le vent, l'afrique, l'amour, la vie, la mort se sont rencontrés.

L'on ne peut s'empêcher de penser alors que c'est dans ces dunes que le Petit Prince est tombé.
Puis est reparti.

Alors, j'aimerai vous présenter cela comme je le ferais à un enfant.
A l'un des miens.

Je suis sûr que vous saurez le lire ainsi.

 

 

 

MAURITANIE MON AMOUR CHAPITRE 1

La Vie est faite de voyages.
Même si parfois c'est juste d'aller chercher un bout de pain au coin de la rue, on peut alors, si on laisse ses yeux grands ouverts faire de très belles rencontres.
 
La Vie est un grand voyage à elle toute seule.
 
On croise des gens, on fait un bout de route. Puis parfois, ils repartent.
Parfois, on est triste parce que ce n'est pas toujours rigolo de ne plus les voir.
Mais on peut aussi comprendre que c'est ça qui fait que les choses sont si jolies. Et si riches.
 
Nous vivons tous ce genre de choses.
Et nous avons tous dans nos paquets des images qui nous rappellent tout ça.
 
Et plein de belles gens avec qui on a fait un petit bout de chemin et qui nous manquent.
 
On m'a souvent posé cette question. Et j'ai souvent vu près de moi des amis, grands et petits, qui pouvaient en être tristes. Et ne savaient pas quoi en faire. De tout ça.
Comme il n'y a pas si longtemps un de mes fan , vous vous souvenez ? Il jouait au cerf volant près de moi dans une de mes histoires.
Alors, je vais vous raconter cette petite histoire. Et je vais penser à mon jeune copain Jules dont un ami a pris un autre chemin.
Je suis sûr que vous voudrez bien que je la lui dédie.
 
Je ne vais pas y mettre beaucoup d'images. Parce que je suis sûre que vous aurez les vôtres.
 
J'espère qu'elle vous plaira. Même si elle n'est pas vraiment comme les autres.
Et que peut être qu'elle vous aidera, aujourd'hui, demain ou après demain, à retrouver le sourire et remuer du popotin parce que la Vie est belle aussi de ses croisées de chemins.
 

 

Parfois on fait des voyages où l'on ne marche pas.
Des voyages pendant lesquels on ne prend ni avion, ni bateau.
Même pas un vélo.
Alors nous, on reste là, assise, le bout du popotin posé sur le bord d'un fauteuil trop bas.
Et les doigts croisés très forts parce que l'on ne sait plus quoi faire de ses mains.

Ce sont des voyages où l'on accompagne une personne que l'on aime et qui part très loin.
Tellement loin qu'on sait que pour la revoir, il faudra fermer les yeux et écouter son coeur sans faire de bruit.
Mais si ce soir j'ai envie de vous parler de ces voyages là, c'est parce que je sais, même si je ne suis qu'une toute petite souris reporter, que nous aurons tous un jour quelqu'un que l'on aime qui fera ce voyage là.
Et que, si l'on ferme les yeux pour mieux écouter son coeur, c'est aussi parce que ce que l'on a dans la gorge à ce moment là, a tellement envie de sortir pour couler sur nos joues, que l'on préfère alors tout garder pour soi.

Pour garder le meilleur de ce que la Vie nous donne.
Et alors, pouvoir sourire avec la personne que l'on aime et qui s'en va sur des ailes plus grandes que celles du plus gros avion que j'aie jamais pris.

Oui, c'est un peu comme quand on prend un avion.
Et que l'on accompagne son parent jusqu'au guichet.
Les hôtesses sont là aussi très gentilles. Mais elles ont des blouses blanches ou bleues et souvent des chaussures qui ne font pas de bruit quand elles marchent dans les couloirs.
Alors, pendant qu'elles s'occupent des préparatifs du départ, nous ont reste là, assis du bout du popotin sur un fauteuil trop bas et on sourit. Même si parfois c'est pas très facile.

C'est très joli de se souvenir ensemble des si beaux moments que l'on a passé ensemble.
Et même que l'on oublie de parler des autres...
Même si tout autour il y a des gens qui courrent crient et s'agitent.
Là, on en reste à l'essentiel de ce que la vie et l'amour nous donnent.
Parce que c'est normal. Parce que c'est la Vie qui est comme ça.

A plusieurs moments je me suis levée et je l'ai prise dans mes bras.
Pour l'aider à prendre une toute petite gorgée de café.
Et j'ai entendu "C'est bon. Merci d'être là. Ca va aller..."
Alors, je retournais poser le bout de mon popotin sur le rebord du fauteuil trop bas et je croisais les doigts très forts en souriant.

Il est des voyages où l'on ne bouge pas.


Parce qu'il faut beaucoup de calme et de silence pour se rappeler de tous les souvenirs que l'on doit emporter avec soi.
Moi, je restais là, le bout du popotin posé sur le bord du fauteuil trop bas. Les doigts serrés très fort et un sourire très grand pour que quand elle ouvrait les yeux elle parte avec ce cadeau là.

Et c'était très beau tous ces moments là.

Si si, je vous assure.

Les dames qui venaient sur leurs chaussures qui ne faisaient pas de bruit faisaient tout pour que le voyage se passe bien. Même si parfois ce n'était pas très facile.

Puis, l'heure du départ est arrivée.

Cette fois-ci ce n'était pas comme sur les quais d'une gare ou devant la porte d'embarquement.
Il n'y a eu personne qui a annoncé l'embarquement immédiat.

Il n'y a pas eu de grands gestes, de grands-au-revoir ou de à-bientôt-fais-un-beau-voyage.


C'était bien plus fort que ça parce que c'était très calme.
Avez vous remarqué combien on peut dire juste avec ses yeux ?
Et que parfois les mains qui se serrent alors sont comme une caresse que l'on garde ?

Juste un sourire, une phrase toute douce : "Ca va aller..."
La porte s'est ouverte et il y avait comme une lumière très douce.
Ce fut un très joli départ.

Alors, j'ai attendu un peu.
Puis j'ai levé le bout de mon popotin du bord du fauteuil trop bas.
Dehors il faisait aussi nuit que dans moi parce que je crois que j'étais très triste.

Et j'ai levé les yeux. Et j'ai desséré mes doigts que je serrais très fort.

Là haut, j'ai vu une petite étoile que je n'avais jamais vue.
Oui, je les connais toutes avec tous les voyages que je fais avec le Grand Machin.
Et celle-là, je ne l'avais encore jamais vue.

Je suis allée m'assoir sur les genoux du Grand Machin, parce que je l'aime bien même si je ne lui ai jamais dit.
Il m'a sourit et m'a juste, comme il sait si bien le faire et même si ça m'énerve parfois, montré la petite étoile du bout du menton.
" C'est la lumière qui éclaire l'entrée du chemin qu'elle vient de prendre. Nous aurons tous la notre. Pour que ceux qui ne sont pas encore partis pour ce grand voyage se rappellent et soient contents de penser à ceux qu'ils ont accompagné sur les chemins d'ici."

Depuis, parfois, quand elle me manque de trop, j'attend la nuit et je regarde la petite étoile jolie.
" Ca va aller..." me dit-elle, l'étoile.
Et c'est vrai. Ca va aller.

 


Alors, en attendant, je repars sur les chemins d'ici parce qu'il y a tellement de belles gens à découvrir qui auront aussi leur petite étoile qui éclairera le chemin qu'ils prendront vers le ciel.

Et je suis contente contente contente.
Parce que je sais que même si des fois, je ne vois pas tout de suite cette étoile toute neuve. Je sais qu'elle existe.
Alors, ce sont tout plein d'étoiles qui me disent que ça va aller.

Et puis surtout, même si plein, tout plein de choses n'ont pas été dites. Ou faites.
Je sens au fond de la petite zone toute sombre et triste au fond de moi, que même si nos yeux ne se voient plus. Que même si nos mains ne se touchent plus.
Et que même si je ne peux pas emmener le grand machin sur les chemins de l'autre côté des étoiles.
Que ceux que l'on aime et qui les ont pris ces chemins, continuent à voyager et à découvrir d'autres horizons.

Je suis sûre, de toute ma hauteur de toute petite souris reporter, qu'ils se retournent de temps en temps.
Et comme nous, voient eux aussi une petite étoile qui brille pour éclairer le début de leur voyage et qu'ils ont dans leur bagages emporté la copie de tous les jolis souvenirs que nous avons fabriqués ensemble.

Alors là, je me dis en frétillant tout doucement du popotin "Ca va aller... "

 

La Miss Addis